L’avis de Val de Seine vert pour l’enquête publique concernant la partie centrale de l’Ile Seguin

Val de Seine Vert

 

Association Loi 1901 agréée pour la protection de l’environnement

Correspondance : 2 rue du docteur Gabriel Ledermann 92310 Sèvres

Tél. : 06 63 13 57 17 – courriel : contact@valdeseinevert.org  Site : www.valdeseinevert.org

 

Avis de l’association agréée Val de Seine Vert sur l’aménagement de la partie centrale de l’île Seguin

 L’association Val de Seine Vert (VDSV), créée en 1992 à l’arrêt de l’activité des usines du site de Renault Billancourt, a pour objet de rassembler les habitants des Hauts-de-Seine qui souhaitent s’informer, faire des propositions et entreprendre des actions collectives en matière de protection de l’environnement et d’amélioration de l’urbanisme et des déplacements. Elle est agréée Environnement et apte au dialogue environnemental au niveau du département des Hauts de Seine.

Elle est fédérée à Environnement 92 et à l’union régionale France Nature Environnement-Ile de France.

L’enquête se déroule en pleine période de vacances de mi-juillet à mi-août. Nous vous avions demandé de prolonger cette enquête de 15 jours. Nous attirions votre attention sur le fait que votre Compagnie nationale des commissaires-enquêteurs, elle-même, déconseillait de tenir une enquête publique dans ces périodes de vacances.

Nous sommes heureux que notre demande de prolongation ait été acceptée même si nous considérons que la sincérité de l’enquête est entachée par le choix des dates de sa tenue au cœur de l’été.

Le dossier d’enquête publique est constitué de centaines de pièces distinctes, d’avis… Déjà très exigeant pour une association, l’investissement nécessaire pour comprendre réellement les enjeux et pour faire le tri dans les informations est hors de portée du citoyen. C’est une façon de faire de l’obstruction institutionnelle que de noyer la procédure, sans hiérarchisation des documents ni explications élémentaires, dans des centaines de pages, dans des heures de téléchargements aléatoires. Il faut publier des dossiers à destination du public qui soient facilement lisibles et compréhensibles, par exemple en limitant à 10 pages avec plans inclus.

 La sincérité de l’enquête nous en paraît affectée sur la forme et sur le fond.

VDSV connaît très bien le passé de la Zac Renault et a suivi de manière attentive les efforts de l’entreprise Renault pour dépolluer les terrains. VDSV participe à la commission de suivi. Les associations de protection de l’environnement ont pu travailler avec la Saem Val de Seine sur l’aménagement du Trapèze afin d’en réduire les impacts environnementaux, ce qui a été réalisé.

VDSV a œuvré pour une île sans voitures, sans tours (Jean Nouvel voulait en construire cinq), nous voulions aussi faire réduire la densité construite et revégétaliser l’île.

VDSV a été contrainte d’engager des contentieux contre des projets démesurément inadaptés de par leur densité, leurs hauteurs, l’absence d’utilité sociale et de nombreuses non-conformités par rapport à la réglementation. Des recours contentieux ont suivis.

En novembre 2015 un compromis est accepté par la ville de Boulogne-Billancourt et la SPL. Le dossier de réalisation de la Zac est modifié et nous retirons notre recours contre le plan local d’urbanisme de l’île.
En 2018 nous sommes conviés, par le président du tribunal de Cergy-Pontoise, à participer à une médiation, aux côtés de l’aménageur de la ville et d’autres associations. En décembre 2018 un accord est trouvé son contenu est très proche du compromis signé trois ans plus tôt avec Val de Seine Vert. Le nouveau programme d’aménagement est accepté par la majeur partie des associations.
Depuis Val de Seine Vert suit les travaux de la commission de suivi mis en place au lendemain de la médiation.

 Le projet propose un renforcement considérable de l’offre de bureaux au détriment de ce qui manque à Boulogne-Billancourt : de la végétalisation et des espaces naturels.

 L’utilité de ces bureaux reste à démontrer, hormis l’aspect spéculation financière, compte tenu de l’effondrement du marché du parc de bureau en première couronne en raison de la crise sanitaire et de la crise économique. Près de 12 % des surfaces de bureaux seraient vacantes : (https://immobilier.cushmanwakefield.fr/media/download//news/2020/avril/cles-du-marche-bureaux-idf-t1-2020.pdf).

Il faut penser au besoin d’activités logistiques liées à la Seine et la promesse d’un lieu de mémoire au cœur de l’île.

 L’Ile Seguin ne doit pas devenir le pendant de La Défense.

Une tour de 96 mètres de haut flanquée d’immeubles massifs n’est pas adaptée sur cet emplacement très exposé.

Cet urbanisme du 20ème siècle est en contradiction avec les principes du développement durable.

Des centaines de riverains vont directement voir leur vie quotidienne impactée visuellement et au niveau des pollutions, la densité de production de celles-ci va être extrême puisque plusieurs milliers de personnes de plus seront susceptibles de générer des déchets et de contribuer à une pollution automobile déjà très importante à cet endroit.

 

Une île sans voitures, objectif initial.

Le projet présenté prévoit la construction de 700 places de parking et s’interroge sur une possible ouverture au public en dehors des heures de bureau.

Nous sommes à une station de métro, à une station du Grand Paris Express, à une gare routière importante, sur la départementale 910, ex nationale 10. Il ne faut pas encourager le déplacement automobile des individus pour se rendre à leur travail.

La présence de places de parkings accentuent la désirabilité des transports individuels automobiles. Or il faut les réduire.

Permettre la circulation automobile sur la rue centrale est dommageable et ce même si c’est une zone de rencontre ou le piéton est prioritaire. La circulation automobile doit être interdite sur l’ensemble de l’île, (hors livraisons, commerces et sécurité)
Il semble que la circulation automobile soit possible par le pont Daydé ce qui ne manque pas d’inquiéter les riverains. En particulier ceux qui habitent l’immeuble Reflet qui se trouve immédiatement au débouché du pont.

La zone étant plate un dispositif valorisant les déplacements en vélo aurait dû être prévu avec à chaque station de transport lourd, des garages à vélos sécurisés.

VDSV attire votre attention sur le fait que la loi sur l’organisation des mobilités en décembre 2019 indique que tous les aménagements futurs doivent prendre en compte la pollution de l’air par les transports et « instaure le droit de vivre dans un environnement sain ». Même si les décrets ne sont pas tous encore publiés, la loi doit s’appliquer au projet actuel.

Qualité des sols

 Plus de cent ans d’exploitation des usines Renault ont pollué fortement les sols. La dépollution effectuée par Renault n’est pas complète. Elle ne pouvait l’être puisque celle-ci atteint la nappe phréatique et qu’il se produit continument des remontées de produits et dérivés pétroliers et/ou de produits issus des fonderies.

Le dossier complet de la dépollution des terrains Renault est en notre possession puisque nous faisions partie de la commission de suivi.

Seule une dépollution totale sera sans risques pour les usagers et les riverains.

 Qualité de l’air

 Les évaluations effectuées par Airparif et les cartographies proposées sur la pollution de l’air dans le secteur du quai Georges Gorse montrent que les valeurs limites pour les oxydes d’azote sont dépassées, que celles pour les particules sont près d’être atteintes et en période de chaleur importante, l’ozone, qui est un polluant secondaire résultant de l’oxydation de l’oxygène en présence d’oxydes d’azote et de composés pétroliers sous l’effet du rayonnement solaire, monte aussi.

Ces pollutions sont liées au trafic routier essentiellement qui risque de s’accroître si la RD1 est mise à 4 voies comme le souhaite le département des Hauts de Seine. Le coût annuel de la pollution de l’air a été évalué par le Sénat en 2014 (rapport de la sénatrice Aïchi) à 1500 euros par an et par français (67-90 milliards/an).

Le MRAE a oublié une caractéristique soulignée par la DRIEE à savoir l’installation de deux groupes électrogènes reliés à une cuve à fioul située dans la nappe phréatique à 15 m sous le niveau du sol. Ces groupes pour assurer leur fonction doivent être démarré tous les mois plusieurs heures ce qui générera une pollution de l’air localement.

Qualité de l’eau

La présence d’une cuve à fioul de 20 m3 et l’existence d’un parking de plus de 700 places sont des éléments qui peuvent en cas d’inondations ou bien d’incidents (incendie, éboulement, chute d’un hélicoptère…) conduire à des pollutions de l’eau de Seine de manière importante. Rien n’est envisagée dans le projet d’aménagement.

En ce qui concerne le risque d’inondation nous avons bien lu que les parkings sont inondables mais rien sur la culture du risque. Pourtant l’île Seguin est le lieu idéal pour sensibiliser le grand public aux risques de crue mais aussi d’étiage car le réchauffement climatique nous bascule déjà d’un extrême à l’autre.

Pour ce qui est de la récupération des eaux de pluies, dans sa réponse à la MRAE, l’aménageur explique qu’une partie de l’eau de pluie sera récupérée pour l’arrosage des végétaux.

Le projet ne prévoit pas de cuve de récupération d’eau de pluie.

Végétalisation(s)

Dans le dossier d’enquête il est question d’arbres « de haute tige » et de « pleine terre ». En réalité cette « pleine terre » est limitée à une couche de terre végétale de 1 m 50 à 2 m de profondeur.

C’est très insuffisant et il est outrancier de parler de pleine terre dans ces conditions.

On apprend aussi que seulement 60% de la surface du jardin sera en « pleine terre », ailleurs la couche de terre est encore plus mince.

La végétalisation des terrasses permet bien d’absorber les petites pluies et cela permet de rafraîchir l’atmosphère mais les arbres de haute tige ont de gros besoin en eau comment seront-il satisfait ?

Les essences qui seront plantées (des peupliers et des saules) peuvent développer leur système racinaire en surface mais le fait que les arbres ne soient pas encrés en profondeur les rend très vulnérable aux coups de vent.

De plus il semble que les mêmes essences seront plantées dans la rue centrale qui ne reçoit pas la lumière, pourquoi ne pas changer de palette végétale ?
Pollution sonore

 La zone de GPSO, située plus particulièrement en bords de Seine RD1 et RD7, a été identifiée comme très bruyante par BruitParif comme indiqué dans son rapport de février 2019

« La Métropole du Grand Paris concentre l’essentiel des enjeux d’exposition au bruit routier, avec 86% et 91% des personnes qui sont en situation de dépassement des valeurs limites selon les indicateurs Lden et Ln respectivement. Le T3 (Grand Paris Seine Ouest) apparaît comme le territoire le plus exposé en proportion au sein de la Métropole du Grand Paris : un quart exactement de sa population est exposé au dépassement de la valeur limite de 68 dB(A) pour l’indicateur Lden. »

Le nombre d’années perdues en bonne santé pour la population boulonnaise est même indiquée : plus de 900 ans.

Le bruit routier journalier selon l’étude d’impact dépasse la valeur limite de 68 dB(A) puisque l’étude le chiffre à 65-75 dB(A) et s’appuie sur l’étude de BruitParif.

Le Conseil National du Bruit a chiffré le coût annuel de la pollution sonore par français à 1000 euros (60 milliards/an) lié à la dégradation du sommeil et aux maladies cardio-vasculaires.

La loi d’organisation des mobilités demande là aussi que la pollution sonore soit prise en compte.

L’OMS va encore plus loin et préconise des valeurs limites de Lden de 45 dB(A) pour le bruit routier.

Compte tenu de la pandémie de Covid 19 et des évolutions législatives récentes en matière de réchauffement climatique, ce projet a une empreinte écologique très marquée.

 

Il faut limiter les surfaces de bureaux et réintroduire sur l’île, comme ailleurs, des activités productives.

 

Nous sommes de ceux qui pensons que le monde d’avant le Covid 19 doit être repensé en profondeur.

 

Commençons dès maintenant, sur l’île Seguin.

 

En l’état Val de Seine vert ne peut que donner un avis défavorable au projet présenté.

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