À Sèvres, l’association Espaces a conclu avec la mairie une convention d’occupation et d’usages pour la gestion d’un jardin potager de 700 m2 sur la toiture-terrasse du gymnase des Cent-Gardes.
Le principe d’installer des jardins sur les toits n’est pas nouveau, nous connaissons tous les jardins suspendus de Babylone et de certains immeubles de riches quartiers parisiens1. Dans les sociétés traditionnelles, la présence voulue ou acceptée de végétaux sur les toitures est utilitaire, elle contribue au rafraîchissement des espaces intérieurs en été. Aujourd’hui, la végétalisation des terrasses répond également au souci de prendre en compte un cadre de vie à la fois plus humain et plus respectueux de l’environnement. Cela devient un élément qu’architectes et urbanistes doivent intégrer dans leurs projets.
C’est avec l’arrivée de nouvelles techniques d’étanchéité légère et résistante à la pénétration racinaire que l’on a vu apparaître des terrasses-jardins au cours des années 70. Au milieu des années 80, l’Allemagne fut à l’origine de la mise à jour d’une solution novatrice dite végétalisation des toitures qui se développa largement. Ce mouvement fut suivi par tous les pays limitrophes, notamment la Suisse mais à l’exception de la France et de la Belgique. C’est ainsi qu’à partir du milieu des années 90, près de 15 % des toitures-terrasses nouvellement créées en Allemagne sont végétalisées et, qu’en Suisse, Bâle a la plus grande superficie de toits végétalisés par habitant dans le monde !
La France s’y met
En France, le concept de végétalisation extensive des toitures n’est apparu qu’au début des années 90 et a été porté essentiellement par les industriels de l’étanchéité qui ont évidemment trouvé dans ce nouveau concept un fort potentiel de développement économique. L’ADIVET, association des toitures et façades végétales, publie chaque année une photographie du marché français. Actuellement, la France a plus d’un million de mètres carrés de terrasses végétalisées et s’affirme parmi les leaders mondiaux de la végétalisation des bâtiments. Elle n’est plus réservée à une élite capable financièrement de créer de magnifiques et luxueux espaces, on trouve par exemple à Ivry un bâtiment HLM, « les Étoiles », construit et réalisé par J. Renaudie, où chaque logement dispose d’une terrasse en herbe.
Les paysagistes se sont également emparés de ces projets mais le choix des végétaux qui peut être fait par les habitants en fonction de leur sensibilité est également largement déterminé par des contraintes techniques. Il s’agit d’abord des conditions de culture, tant au niveau des techniques d’étanchéité et de reconstitution du sol mis en œuvre, qu’à celui des types d’entretien et d’irrigation qui peuvent être envisagées.
L’école d’ingénieurs AgroParisTech (Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement), dans le Quartier latin, a transformé son toit en potager laboratoire « pour tester des solutions innovantes destinées à cultiver de façon durable en milieu urbain » : des potagers pourraient ainsi verdir plusieurs hectares de toitures parisiennes. C’est un des emplois des toits végétalisés que Paris veut doubler d’ici 2020.
Il faut croire dans ce regain d’intérêt pour les terrasses-jardins. C’est une nouvelle architecture qui mêle encore plus étroitement, et de manière utilitaire, le végétal et la construction.
Danielle Vermot
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1. Terrasse Helena Rubinstein, le siège de la BNP, terrasse du siège social de Moët Hennessy.