Reportage de CABU dans Charlie hebdo
Les événements dramatiques qui se sont déroulés du 7 au 9 janvier dernier nous ont tous bouleversés. Difficile d’exprimer en quelques mots notre rage, nos peurs et notre incompréhension. Nous sommes tous Charlie, Juifs, Musulmans, Chrétiens, Athées et Policiers. Nous sommes tous des citoyens du monde que la barbarie et les assassinats heurtent au plus profond de nous. Les libertés d’expression, de religion et de pensée, ont été agressées, encore une fois, dans le sang.
Un proverbe africain dit : « Quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle » alors, quand ce sont des journalistes, des universitaires, des dessinateurs ayant marqué la vie culturelle française qui partent d’un seul coup, c’est un vide immense qui se crée. Pour nous écologistes, c’est même un peu comme si des membres de notre famille disparaissaient. Cabu, Charb, Tignous et les autres étaient depuis toujours à la pointe de nos combats pour la défense de l’environnement. Bernard Maris était l’auteur et le porteur de saines et indispensables analyses. Pourtant, rappelons-nous que l’« on peut tuer un penseur mais on ne tue pas la pensée ».
Passé le moment d’anéantissement que nous avons toutes et tous traversé, des milliers de citoyens, devenus des millions, se sont levés spontanément pour exprimer leur refus de la violence et leur solidarité. Le 11 janvier a représenté ce moment culminant de la protestation, les pouvoirs publics n’ayant fait que canaliser cette clameur citoyenne.
Vient maintenant le temps de la réflexion, de l’analyse, de la critique et de l’action. Les professeurs des écoles, des collèges, des lycées peuvent-ils redevenir les hussards noirs de la République tels qu’ils ont été décrits par Charles Péguy en 1913 ? Certes, ils peuvent donner plus de cours d’éducation civique. Mais est-ce suffisant face à la déshérence de certains Français, qui sous couvert de principes religieux ne pensent leur avenir que dans l’exaltation de la mort d’innocents ? Bien évidemment non, nous devons tous être mobilisés pour lutter contre « cette peste noire » : citoyens, responsables associatifs, chefs d’entreprise, élus de la République.
Une guerre contre les fanatismes de toute sorte est lancée, une guerre qui doit avant tout être menée en vivant nos valeurs et en les portant plus haut que jamais : libertés individuelles et collectives, laïcité, justice, culture, mais aussi solidarité et sens de l’humanité.
Val de Seine Vert