Héliport de Paris : « Un potentiel urbanistique gigantesque »

Mi-février se tiendra la première réunion du Comité de Pilotage (COPIL) du projet urbanistique du site de l’héliport de Paris. Ce dernier est géré par Aéroports de Paris (ADP) mais la convention arrive à son terme en 2024 et la Ville de Paris, propriétaire du terrain, compte bien récupérer son bien.

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La Ville de Paris convoite cet espace de verdure de 7,5 hectares en l’incluant dans une étude plus vaste englobant l’Aquaboulevard, la cité des Frères Voisins et le parc Suzanne Lenglen soit 35 ha. La mairie du 15e arrondissement veut faire de ce périmètre une vitrine, « une formidable entrée de ville ». Concrètement cela veut dire urbaniser violemment à l’image de la Tour Triangle de la Porte de Versailles. Le maire d’arrondissement, Philippe Goujon, applaudit tous les appels à projets qui fleurissent entre quai de Seine et périphérique : « Réinventons Paris », « Inventons la Métropole du Grand Paris », « Réinventons la Seine ».

Pour la préfecture de Région la présence de l’héliport est vitale pour les missions de sécurité et de santé de la capitale. La crise sanitaire de 2020 a montré le caractère essentiel des vols d’hélicoptères dans le cadre des transferts de malades sachant que certains hôpitaux comme Necker ou Pompidou n’ont pas d’hélistation. D’autres drames ont prouvé la nécessité d’une présence de proximité pour les interventions d’urgence comme lors des divers attentats de Paris. Mais l’activité des vols de service public (Sécurité civile, SAMU, Gendarmerie, Douanes et armées) ne représente que 40 % des vols sur la dernière année représentative de 2019. Les vols commerciaux quant à eux représentent 60 % de l’activité aéroportuaire et sont le principal argument de la Ville de Paris pour fermer l’héliport car ils génèrent le plus fort taux de nuisances sonores et de danger en survolant les zones habitées de GPSO et de Paris (15e), soit 300 000 habitants environ. Le trafic a chuté de 30 % en 2020 pour s’établir à 6 300 vols.

Pourtant depuis bientôt 20 ans, une Commission Consultative de l’Environnement (CCE) a été mise en place sous l’autorité administrative de la préfecture de Région pour faciliter la concertation avec les populations riveraines de l’aérodrome. La CCE regroupe des représentants de l’État (DGAC, préfectures, Gendarmerie, Sécurité Civile, Armée de l’Air), des collectivités territoriales et des communautés d’agglomération, les collectifs d’associations de riverains (Val de Seine Vert, Environnement 92, le Comité de Sauvegarde des sites de Meudon, Boulogne-Environnement, la Plate-forme des associations parisienne d’habitants et l’association XVIe demain), les usagers de l’héliport représentés par l’Union Française de l’Hélicoptère (UFH) et enfin le gestionnaire de l’héliport : ADP.

La CCE est convoquée annuellement et présidée par le préfet de Région. Sur la base du bilan de l’activité de l’année écoulée fournie par ADP et la DGAC, du rapport de plaintes de la Brigade de Gendarmerie des Transports Aériens (BGTA) et du bilan des nuisances sonores par BruitParif, la CCE émet des recommandations sur toutes les questions relatives aux nuisances environnementales sur et autour de l’héliport. Elle doit également satisfaire à un devoir d’information et de transparence notamment vis-à-vis des riverains. Toutes ces recommandations et informations ont été synthétisées dans une Charte de l’Environnement de l’Héliport de Paris qui a permis d’imposer une baisse du trafic de 2/3 depuis 2000 et dont le projet doit être voté par la CCE lors de la prochaine réunion. Il serait dommage que cette Charte ne soit pas adoptée au moment où la Ville de Paris se réapproprie sa concession d’autant que ce terrain résulte à l’origine d’un échange entre Paris et l’Etat, celui-ci cédant le Champ de Mars contre 65 ha sur la plaine d’Issy.

Didier Valon

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