Étangs de Ville-d’Avray : danger inondation

Alors que se déploient les travaux de confortement des digues des étangs de Corot à Ville-d’Avray, le danger d’une inondation est enfin connu. Les communes de Ville-d’Avray et de Sèvres s’étaient pourtant bien gardées d’en parler.

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Soudain une vague de près de deux mètres poussée par 100 000 m3 d’eau. Le tsunami dévalerait de la forêt de Fausses Reposes en passant par le Domaine de la Ronce, la rue de Ville d’Avray, l’Avenue de l’Europe et la Seine. Les services de l’Etat définissent une stratégie de gestion de crise en 2019 avec mobilisation d’un Centre Opérationnel Départemental. (COD), activation des plans communaux de sauvegarde, mise en place d’un périmètre de sécurité, mobilisation des bus RATP pour l’évacuation des sinistrés, alerte des habitants par les autorités ou la police (mégaphones, porte à porte…), etc. Ce scénario catastrophe, décrit dans une étude de danger (EDD), réalisée en 2016, est à l’origine des travaux de confortement des digues des étangs de Corot.

Des travaux d’importance

Les Étangs de Ville d’Avray comprennent deux bassins, le Vieil Étang et l’Étang Neuf, séparés par une première digue. Une deuxième digue retient l’Étang Neuf au-dessus de domaine de la Ronce. L’EDD a révélé la dégradation dangereuse de ces deux ouvrages. Fin 2019, les chantiers de sécurisation ont commencé. Toute l’année 2020 a été consacrée aux travaux sur le Vieil Étang (vidange, curage, rejointoiement, étanchéisation, renforcement des berges et remplissage naturel de l’étang). L’année 2021 sera consacrée aux travaux sur l’Étang Neuf avec la réhabilitation des digues, la création d’ouvrages de vidange et de surverse et enfin l’aménagement paysager suite à l’abattage d’une trentaine d’arbres.

Un danger tenu secret

Le 21 mai 2015, les Étangs de Ville-d’Avray sont remis en dotation au Centre des Monuments Nationaux (CMN). Une EDD est réalisée en 2016 qui débouche sur un classement des digues en catégorie C dû à la présence d’habitation en aval. Des mesures de sécurité imposent des travaux de confortement pour abaisser les niveaux d’eau. Les conclusions de l’étude sur les potentielles ruptures de barrage sont alors portées à connaissance pour que ces risques soient pris en compte dans le Plan Communal de Sécurité (PCS) et le Document d’Information Communal sur des Risques Majeurs (DICRIM) de la ville. En effet, Ville-d’Avray s’étage sur une pente importante de plus de 170 mètres sur les hauteurs de la forêt de Fausses Reposes jusqu’au niveau de la Seine au Pont de Sèvres et le scénario catastrophe démontre que 30 000 habitants de Ville d’Avray et Sèvres pourraient être victimes de cette soudaine inondation.

Aujourd’hui, le PCS, disponible sur le site de la Mairie de Ville d’Avray, nous expose les risques météorologiques, les risques de transport de matières dangereuses, les risques liés au mouvement de terrain, les risques sanitaires et enfin le risque d’incendie. Le risque d’inondation n’y figure pas. Pas plus que dans le DICRIM, ni dans l’Etat des Risques Majeurs Naturels et Technologiques (ERNMT) de la ville, ni dans le récent Plan Local d’Urbanisme (PLU) de 2020. Et, sur Ville-d’Avray, il n’existe pas de Plan de Prévention de Risques d’Inondation (PPRI). Concernant la ville de Sèvres, l’hypothèse de l’inondation provoquée par la rupture de barrage des étangs de Ville d’Avray ne figure pas non plus ni dans le PPRI, ni dans le DICRIM de la ville, ni dans le PLU. Cette absence d’information à la population depuis le « porter à connaissance » du 16 avril 2018, laisse perplexe. Seule la Mission Régionale d’Autorité Environnementale d’Île-de-France (MRAE), donnant son avis en avril 2019 sur le projet de requalification de la route départementale RD 910, note que le « risque d’inondation par défaillance des barrages des étangs de Corot situés à Ville d’Avray, n’est pas pris en compte dans l’étude d’impact. » et précise que même après travaux la menace demeure. Le risque zéro n’existe pas.

René Gaillat

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