À Ville-d’Avray, les étangs dits « de Corot », du nom du peintre qui les a immortalisés, ont été le théâtre d’un chantier controversé entre 2021 et 2025, véritable fiasco écologique, économique et patrimonial.

Créés il y a plus de 300 ans pour alimenter les fontaines du domaine de Saint-Cloud, ces étangs classés depuis 1936 étaient la fierté locale. Leur gestion a été confiée au Centre des
Monuments Nationaux (CMN) en 2016. Face à la dégradation des digues, une étude de danger du cabinet Antéa recommandait des travaux de confortement classiques, urgents mais proportionnés.

Mais une seconde phase des travaux, longtemps passée sous silence, a consisté à ajouter des déversoirs massifs sur chaque digue, dénaturant le site. Pourtant, les digues avaient été sécurisées dès 2021 par injection de bétonite, comme l’avait confirmé le préfet Vincent Berton en 2022.

L’étude Antéa, relayée sans remise en question par Artélia – maître d’œuvre choisi sans appel d’offres – ignorait pourtant l’existence d’un triple système de régulation par vannes, en place depuis trois siècles, et le rôle tampon du bassin forestier en amont. Résultat : un chantier surdimensionné de plus de 12 millions d’euros, qui aurait pu coûter trois à quatre fois moins sans les déversoirs.

Principe de précaution, vraiment ?

Ni la mairie, absente des instances de décision, ni le CMN, ni la préfecture n’ont voulu considérer les alternatives proposées par des experts indépendants. Le principe de précaution a été poussé à l’extrême, créant un risque nouveau : la perte de 45 000 m³ de capacité de rétention d’eau, ce qui, en cas de crue, pourrait inonder les habitations situées en aval.

La DRIEE, interpellée à plusieurs reprises, n’a pu fournir aucun texte imposant l’installation de tels déversoirs sur des étangs. Et pour cause : conçus pour des rivières, ces ouvrages sont inadaptés aux plans d’eau statiques comme ceux de Ville-d’Avray. Le chantier est ainsi une première en France : aucun autre étang classé n’est équipé de la sorte.

« Un chantier précipité sous pression préfectorale et ministérielle, sans accord de toutes les parties prenantes. » Philippe Bélaval, président du CMN – Le Journal des Arts, 01/06/2021

Collectif de défense du site des Étangs de Corot