L’adoption du Schéma directeur de la région Ile-de-France (SDRIF-E) conduit les collectivités territoriales à mettre en conformité les Plan locaux d’urbanisme intercommunaux. Trois axes président à cette révision : zéro artificialisation, zéro émission, zéro déchet.

Validé en juin par le Conseil d’État, le SDRIF-E s’impose aux collectivités. Elles doivent réviser leurs documents d’urbanisme de façon à être alignées sur ce Schéma. Dans un premier temps c’est la métropole du Grand Paris qui doit mettre à jour son Schéma de cohérence territoriale (SCOT), les intercommunalités suivront. Saisissons nous de cette question à l’occasion des élections municipales. Les priorités portées par les candidats devront trouver leurs applications concrètes dans les règlements d’urbanisme.
Zéro artificialisation
Pour les habitants de la première couronne, la question de
la préservation des espaces de nature est centrale. Le réchauffement climatique est en marche et il est urgent de nous
y adapter en verdissant nos villes. Pour ce faire, il faut conserver les espaces de nature existant et les mailler entre eux.
La production de logements doit se faire en reconstruisant
la ville sur la ville et non en extension urbaine. Concrètement cela implique, par exemple, que les PLUi autorisent les surélévations et sanctuarisent les forêts, les parcs et les jardins. Mieux, il faut qu’ils prévoient la création de couloirs de biodiversité de façon à connecter ces réservoirs de biodiversité entre eux.
Zéro émission
Si l’adaptation au changement climatique est nécessaire nous devons également enrayer l’augmentation des températures
et donc contenir nos émissions de gaz à effet de serre. Cela passe par la rénovation thermique des bâtiments, par la diminution drastique des déplacements automobiles, par des modes de vie plus sobres. C’est ce changement de cap que nous devons inscrire dans nos documents d’urbanisme. Demandons à nos futur·e·s élu·e·s comment ils comptent s’y prendre pour le réaliser. Oseront-ils piétonniser les centre-villes ? S’engager à créer des continuités cyclables ?
Zéro déchet
Enfin si, comme nous, nos élu·e·s veulent tourner la page d’une société de consommation qui nous conduit droit dans le mur il faudra qu’ils s’engagent à stopper le gaspillage. Cela aussi doit se traduire dans nos documents d’urbanisme révisés. Pour promouvoir le recyclage et le réemploi il faut des surfaces dédiées, les déchetteries actuelles ne permettent pas de changer nos pratiques. Où comptent-ils les mettre ? De réelles tensions existent quant à l’utilisation des friches. Doit-on les utiliser pour réindustrialiser, pour végétaliser, pour créer les espaces de stockage indispensables à l’économie circulaire ? Voilà ce qu’ils devront nous dire.
Des choix très politiques
Ces choix, qui peuvent sembler techniques, sont en réalité éminemment politiques. Les élections municipales sont le bon moment pour les faire. Si les candidat·e·s sortaient des déclarations de principe pour s’engager sur des actions concrètes, cela nous changerait. Et comme nous sommes en amont des échéances, les PLUi doivent être modifiés pour février 2028, nos futur·e·s élu·e·s peuvent aussi nous dire comment ils comptent associer les habitants à l’élaboration des futurs règlements. Car au-delà des grands axes que nous venons d’évoquer, les changements doivent se faire au plus près du terrain en s’appuyant sur l’expertise d’usage de ceux qui y vivent. Si nous reprenons, pour finir, l’exemple par lequel nous avons commencé, celui des surélévations, il est évident que pour qu’elles soient acceptables il faut que les habitants actuels y gagnent quelque chose. Pour les familles c’est simple, surélever un pavillon peut permettre d’accueillir un nouvel enfant sans déménager. Dans d’autre cas c’est moins évident, s’il s’agit de créer des nouveaux logements il faut que le quartier dans son ensemble y gagne en qualité de vie. Dans les quartiers pavillonnaires cela implique de créer en parallèle des commerces et des services. Cela s’anticipe, c’est précisément l’objet des PLUi.
Luc Blanchard