Le changement climatique fait sentir ses effets dans nos villes françaises. L’été que nous venons de passer en témoigne, avec des épisodes caniculaires qui ont poussé le mercure parisien jusqu’à 42 °C. Face à de telles températures l’heure est à l’adaptation. La nature nous donne une solution simple et à portée de tous : l’intégration des arbres et de la pluie en ville
Des villes assoiffées
Avec le changement climatique, les températures et la durée des sécheresses augmentent en France. En conséquence, les réserves souterraines en eau diminuent, et les tensions entre ses différents usagers (agriculteurs, énergéticiens, industriels, citoyens) risquent alors de se multiplier.
D’autant que le besoin en eau et en fraîcheur des villes grandit lui aussi. En milieu urbain, la chaleur s’accumule dans les revêtements imperméables des routes, des trottoirs et des bâtiments, engendrant un phénomène appelé « îlot de chaleur urbain ». Celui-ci rend rapidement les canicules insupportables en ville. À Paris, l’influence du tissu urbain très dense se traduit par des différences de températures nocturnes pouvant atteindre 10 °C avec les zones rurales voisines en cas de canicule. Entre le manque d’eau et l’augmentation des besoins urbains, l’équation deviendra vite insoluble si nous ne faisons rien.
Intégrer les arbres et la pluie en milieu urbain
En matière d’adaptation au changement climatique en ville, la nature nous donne des outils : les arbres. Ils contribuent à rafraîchir les villes, car en produisant de la vapeur d’eau, ils augmentent le taux d’humidité et abaissent la température ambiante. De nombreuses villes l’ont déjà compris, et commencent à investir dans les forêts urbaines, à l’instar de Nantes ou Paris.
Mais pour produire cet effet rafraîchissant, ils ont eux-mêmes besoin de puiser de l’eau dans le sol. Planter des arbres que les services de la ville devront arroser ne serait qu’une forme de décalage du problème, c’est pourquoi les villes commencent à compter sur l’eau de pluie tombée du ciel, qui est pour l’instant redirigée vers les réseaux d’évacuation, au lieu de venir alimenter la végétation urbaine. Pour y remédier, des solutions d’infiltration et de récupération des eaux pluviales existent : désimperméabilisation des sols, espaces végétalisés infiltrants, bacs de récupération…
L’appropriation citoyenne
des dispositifs de lutte contre la sécheresse en ville
Souvent portées par des collectivités, ces solutions d’intégration de la pluie et des arbres en ville mobilisent de plus en plus les citoyens. En effet, face à l’urgence de la situation, les villes souhaitent favoriser l’émergence de dispositifs autonomes et décentralisés, que les citadins s’approprieraient. Les exemples sont nombreux : dans la métropole du Grand Lyon, des conseils pour une infiltration de la pluie à la parcelle chez les particuliers ; à Strasbourg, l’aide à la mise en place d’espaces publics jardinés de manière participative, et à Paris, la sensibilisation des enfants avec la co-conception de cours de récréation dites « Oasis », adaptées au changement climatique.
Face au risque de sécheresse qui pèse sur nos villes en ces temps de changement climatique, les collectivités semblent se réveiller enfin. Un sursaut qui aura peut-être l’avantage de mettre plus de nature dans nos rues, tout en favorisant la participation des citoyens dans l’élaboration de la ville de demain.
Héloïse Gautier