To be or not to be… C’est la question que pourraient se poser les associations au vu du mépris dans lequel nombre d’élus et décideurs tiennent la concertation et le rôle des associations.
Combien d’heures généreusement données, combien de dossiers scrupuleusement étudiés, combien d’énergie consacrée, combien de réflexions à foi- son échangées, combien d’idées proposées… ?
Et tout cela, pourquoi, pour qui ? Pour quel résultat ?
Il est temps de s’interroger sur la place et le rôle des associations présentes lors des « ateliers », réunions de concertation, et autres lieux de débats entre les collectivités et les associations.
On se félicite que des dispositions législatives inscrivent le principe de participation dans le système juridique français. La mobilisation du public et des associations est une chance et représente une véritable opportunité pour les acteurs territoriaux.
Discuter des propositions, confronter les points de vue, faire évoluer les visions, sont autant de principes inscrits au cœur du processus de participation. Ces tensions constructives n’ont pas pour objet d’opposer mais au contraire d’éclairer par de nouveaux éléments, un autre angle de vue, afin que naisse de ce mixage un projet accepté par tous.
Concertation ou information ?
Mais hélas, force est de constater que malgré l’implication des associations dans un travail en amont (réunions de créativité, parfois sous la conduite d’experts consultants formés aux meilleures techniques de gestion de projets, comme dans le cas des réunions qui ont conduit à l’établissement du SCOT – Schéma de cohérence territoriale), la consultation se termine dans de nombreux cas par une brillante présentation déroulant Power Point, plans et autres images sophistiquées, soutiens des discours de l’architecte, du paysagiste, etc., où n’apparaissent aucun des points de vues évoqués, aucune des attentes exprimées, aucune prise en compte des enjeux soulignés et bien sûr aucune des modifications suggérées en amont par les associations ; la Commission Seguin-Rives de Seine qui s’occupe de l’aménagement des terrains Renault est exemplaire à cet égard.
Mais alors pourquoi ces « Ateliers », « Réunions de concertation », etc. ? Pour simplement répondre à une procédure administrative obligatoire, avec la certitude que rien n’en sortira modifié ?
Alors arrêtons de nous faire perdre notre temps !
Les associations : des relais efficaces et productifs,
Et pourtant… Les associations sont aussi des relais de communication, porteuses de lien social, ouvertes sur la cité. Elles représentent une chance et non une menace pour les élus. Ce sont des lieux ouverts, réceptacles d’opinions, d’expériences, où peuvent s’exprimer sans jugement les « absents » de la parole publique.
Le débat et l’écoute sont au cœur même de l’association. Lors des réunions internes les idées, les convictions, les points de vue s’empoignent, se frottent les uns aux autres, formant un socle sur lequel les membres vont s’appuyer lors de leurs interventions à l’extérieur. Construite autour de valeurs communes, sensible aux enjeux qui constituent l’évolution de la cité, l’association défend une vi- sion stratégique de long terme. Déliée de liens électoralistes à court terme récurrents, l’association apporte une liberté et une créativité dans lesquelles les élus devraient puiser.
Il paraît en effet pourtant plus simple (et aussi sans doute moins lourd en termes financiers et en termes de communication) d’intégrer l’évolution d’un projet négociée avec le public et les associations avant son démarrage plutôt que de faire face à des contentieux et un front de refus, une fois le projet mis en chantier.
Que devons-nous faire ?
Il n’est pas innocent de citer le titre de l’introduction du Rapport du médiateur de la Ré- publique, Jean-Paul Delevoye :
« Paradoxe : jamais l’engagement individuel et collectif n’a été aussi nécessaire, jamais le découragement et la lassitude n’ont été aussi grands ».
Nicole Matrand