Après le datacenter Orange et les deux datacenters dc2scale Vélizy PAR2 et PAR3, la ville de Meudon inaugurait, le 6 février 2025, sur sa zone d’activité, l’arrivée du PA13x de la société américaine Equinix Inc. Et son jumeau le PA15 devrait sortir de terre juste à côté d’ici trois ou quatre ans.

L’Île-de-France compte aujourd’hui près de 60 datacenters et le développement est exponentiel, boosté par la virtualisation et l’Intelligence Artificielle (IA).
D’ailleurs, la proximité de l’Université Paris-Saclay, pôle d’excellence au niveau mondial de l’IA, a pesé lourd dans le choix d’implantation du PA13x sur le site de Meudon.
Mais la France n’arrive pas à combler son retard. En novembre 2024, l’Union européenne adoptait le « Pacte pour la compétitivité ». Objectif, consacrer 3 % du PIB à la recherche et au développement d’ici à 2030. La France atteint difficilement les 2,22 %. La solution ? Attirer des investisseurs pour renforcer les infrastructures numériques du pays. Et pour cela l’Etat dispose d’un atout solide : le nucléaire et son électricité des plus compétitives qui fait baisser les « bilans carbone » des multinationales. Le gouvernement déploie tous les moyens à sa disposition. En prorogeant la loi de réduction de 50 % du coût de l’électricité, dont bénéficieront les datacenters au-delà de un gigawatt consommé dans l’année. En supprimant la directive européenne sur le devoir de vigilance qui impose aux entreprises des règles de respect de l’environnement et des droits humains. En imposant le projet de loi de simplification (PLS) dont l’article 15 prévoit d’accélérer la construction d’immenses datacenters sur le territoire français, en permettant à l’État d’imposer le label « projet d’intérêt national majeur » (PINM) aux territoires concernés et en multipliant les dérogations au droit de l’urbanisme, de l’environnement ou au principe de participation du public. Quant à l’artificialisation des sols, la loi prévoit qu’un espace naturel occupé par un PINM n’est pas comptabilisé dans les quotas d’artificialisation locaux. La Commission nationale du débat public (CNDP) demande à être saisie lors de la construction de ces infrastructures mais se heurte à la volonté de l’État d’exclure l’instance d’un nombre croissant
de projets industriels.
Un encadrement nécessaire
Cependant, ce boulevard financier ouvert aux investisseurs étrangers doit être scrupuleusement cadré pour garantir le respect de la souveraineté numérique et de la sobriété environnementale. D’ailleurs, dans le Code de l’Environnement, plusieurs rubriques relatives aux divers équipements techniques que ces datacenters (groupes électrogènes, groupes froid, cuves de fioul) imposent d’appliquer la réglementation ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement). En effet, certaines installations peuvent avoir des impacts environnementaux (pollution de l’eau, de l’air, des sols, etc.) et présenter des dangers (incendie, explosion, etc.) pour la santé et la sécurité publique. La pollution des datacenters provient essentiellement de leur besoin en électricité continu (136 413 MWh sur une année pour le PA13x) puisqu’ils fonctionnent 24/24 7/7 et des systèmes de refroidissement. Dans le cas du PA13x, 640 000 litres de fioul domestique seront stockés et utilisés pour le fonctionnement des 24 groupes électrogènes pour une puissance thermique nominale de 132 MW (tests de fonctionnement de 12 heures par an par groupe électrogène). Le fioul n’étant pas une matière inerte, sa vitesse de dégradation et l’évacuation éventuelle du fioul périmé peuvent poser question. Quant au système de refroidissement, une température de 18,5°C est maintenue au moyen de 24 groupes froids à condensation à eau. Equinix Inc indique que la consommation en eau serait de 23 750 m3/an, sans donner plus de détail.
La création d’une Commission de Suivi de Site pour cet ECPI permettrait le droit à l’information des citoyens comme prévu à l’article L.124-1 du code de l’environnement. Il faut en faire la demande.
Didier Valon