La gare RER d’Issy a été fermée en avril, puis partiellement rouverte. Usagers et riverains doivent attendre que des solutions soient trouvées.

Cela commence par la requalification complète d’un quartier, carrefour majeur de la ville d’Issy-les-Moulineaux, devenu la ZAC Léon Blum. Sans doute le fer de lance actuel de la politique d’urbanisme de la municipalité d’Issy-les-Moulineaux, mais il y en a eu tant d’autres depuis plus de quarante ans de chantier permanent sur la ville !

Un chantier de plusieurs années

Transformation d’un quartier de plus de 17 ha, car situé sur le trajet du Grand Paris Express, future ligne 15. Réfection entière de tout ce quartier à l’occasion de la construction d’une nouvelle gare pour cette ligne 15, de sa correspondance avec l’ancienne gare du RER C d’Issy et d’une nouvelle station de métro dans le futur prolongement de la ligne 12. Intervention d’un architecte prestigieux, Daniel Libeskind, retenu pour la reconstruction du World Trade Center de New-York après les attentats du 11 septembre 2001. Il est indéniable que du point de vue de l’offre de transport, de l’intermodalité et du désenclavement de la banlieue, il s’agit d’une grande avancée, mais qui a son coût et pas uniquement financier mais aussi pour la qualité de la vie des riverains confrontés à un chantier de plusieurs années : bruit, poussière, difficultés et dangers de circulation.

Construction d’une nouvelle gare pour une nouvelle ligne, mais également déconstruction et reconstruction de l’ancienne gare du RER C qui s’accompagne d’un nouveau cheminement d’accès temporaire. Et c’est là aussi que cela se complique … La SNCF organise donc à partir du 1er avril 2025, dans le cadre de ces travaux, un cheminement modifié jusqu’au 6 octobre 2025. Cela implique un cheminement piéton bien plus long par la voie publique, car l’accès sous le viaduc ainsi que le passage souterrain reliant les quais sont fermés. La SNCF annonce un allongement de 3 mn qui est plutôt ressenti comme durant 10 mn par les usagers. Si l’accès du quai en direction de Paris est assez direct, quoique très vertical, par des escaliers temporaires, celui du quai en direction de Versailles est bien plus ardu. Mais l’accès au quai en direction de Versailles implique malgré tout une double traversée de l’Avenue de Verdun, grand axe très passant de la ville, et un cheminement long et très pentu finissant par surplomber le quai pour finir par y descendre.

Décision radicale

Malgré une information semble-t-il correcte sur place, ces difficultés supplémentaires, des habitudes subitement changées, peut-être le fait de se « casser le nez » au dernier moment, ont incité quelques imprudents, et de manière répétée, à traverser les voies pour s’épargner le détour fastidieux, au risque d’encourir un accident mortel.

En raison de ces comportements dangereux, la gare RER d’Issy a donc été fermée à partir du 9 avril et l’arrêt supprimé.
Cette décision radicale, très impactante a été très controversée. Ne pouvait-il pas être envisagé l’installation d’une passerelle ou le déploiement d’agents de police ferroviaire pour empêcher ces traversées, qualifiées de « sauvages » par la SNCF ?

Finalement, la gare a partiellement été réouverte à partir du lundi 5 mai. A l’heure où est écrit cet article, et cela fait déjà plus d’un mois que la gare est fermée ou partiellement fermée, seuls les trains circulant vers Paris s’y arrêtent. Des barrières ont été scellées sur le quai non desservi (en direction de Versailles) afin de dissuader la traversée des voies. Des messages et des affiches rappelant l’interdiction de traverser et le risque mortel encouru, ont été installés aux abords des quais, tout cela « le temps que des solutions soient trouvées ». À suivre…

Qu’en conclure ? Les habitudes des Franciliens (métro, boulot, dodo) les rendent inconscients du danger ? Plus sûrement, et paradoxalement, l’aménagement du transport ferroviaire révèle que le parent pauvre de tout déplacement en France reste bien le piéton !

Laurent Thibault