L’instance permanente de concertation du port de Gennevilliers

Premier port fluvial d’Ile-de-France, le port de Gennevilliers qui s’étend sur 400 hectares en bord de Seine, mérite toute notre attention. Haropa port, qui le gère, a accepté de réfléchir à son avenir avec toutes les parties prenantes.

Trop souvent, lorsque les projets n’ont pas été réfléchis collectivement, des situations de blocage apparaissent. C’est le cas, par exemple, avec le projet GreenDock sur le port de Gennevilliers (cf. encadré et Echo #109, novembre 2023). Afin de sortir d’une logique d’affrontement, les associations du réseau France Nature Environnement ont proposé de créer une Instance permanente de concertation (IPC) sur le port de Gennevilliers. Validée par Haropa port, cette structure qui a fait ses preuves sur d’autres territoires, notamment à Bonneuil-sur-Marne, a tenu sa première réunion le 25 mars dernier. 

Première réunion de l’IPC

Il s’agissait de poser les fondations de ce nouvel espace de dialogue. Le cabinet Systra, chargé par Haropa port d’animer l’IPC, a proposé une Charte définissant les bonnes pratiques en matière de concertation et a décrit les contours du projet. Les parties prenantes sont réparties en cinq collèges : économique ; environnement, écologie ; riverains et usagers ; institutionnels ; social, culturel, loisirs. Deux groupes de travail sont constitués, l’un sur la renaturation, l’autre sur la programmation d’un lieu de mémoire sur les cités de transit. Les travaux des groupes de travail sont restitués deux fois par an lors de réunions plénières, la prochaine doit avoir lieu à l’automne 2025. 

Plusieurs questions ont été débattues, notamment la représentation des 8 000 salariés du port. Pour l’heure seule la Communauté portuaire, qui porte la parole des entreprises, est représentée. Haropa port est réticent à inclure les syndicats, perçus comme des « forces politiques » ! Autre sujet en débat, les contours de la renaturation. Haropa port est volontaire
pour entreprendre la renaturation des berges de Seine mais, comme l’a souligné la maire de Gennevilliers, le port est un îlot de chaleur urbain et le projet de renaturation doit être plus ambitieux. Irène Nenner, présidente de FNE Hauts-de-Seine,
a plaidé pour une renaturation globale et rapide.

Le Schéma d’orientation et de développement durable du port, qui date de 2012, a également été évoqué. Ce plan-programme doit être repensé et actualisé afin d’être à la hauteur des enjeux d’aujourd’hui et de demain.

Luc Blanchard

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GreenDock

L’autorité environnementale régionale (MRAe) a rendu son avis sur le projet de construction d’un entrepôt XXL sur le port de Gennevilliers. Elle ne se prononce pas sur l’opportunité de cette construction mais sur la manière dont l’environnement est pris en compte.

Les associations attendent toujours avec impatience les avis de la MRAe car ils éclairent l’enquête publique et peuvent nous donner des arguments pour contrer des projets écocides. En l’occurrence la MRAe recommande de justifier les besoins d’un entrepôt de 600 mètres de long sur 35 mètres de haut par une étude de marché. D’analyser les incidences de l’ensemble de la chaîne logistique depuis l’origine des marchandises jusqu’aux zones des destinataires finaux. De réaliser une étude rigoureuse des impacts du projet sur la zone Natura 2000 qui lui fait face… En tout une vingtaine de recommandations qui, en creux, montrent bien les faiblesses du dossier de demande de permis de construire.

Si nous sommes convaincus qu’il est nécessaire de densifier les zones industrielles afin de préserver le foncier, il faut le faire de manière raisonnable et sûrement pas dans le lit majeur de la Seine. Les darses, ces bassins creusés à l’intérieur du port, sont faits pour accueillir les infrastructures industrielles. Nous le rappellerons lors de l’enquête publique qui doit avoir lieu dans le courant du mois de juin.

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