Pour lutter plus efficacement contre les îlots de chaleur, la mairie de Meudon et Dassault Système créent des modèles 3D et testent différents scénarios. Les débuts sont modestes mais le maire, Denis Larghéro, envisage de nombreux développements.
Deux places très minérales, Tony de Graaf et Simone Veil, ont dores et déjà été choisies pour mener cette expérimentation. Un troisième espace public, à Meudon-la-forêt, doit suivre, mais il n’a pas encore été choisi.
Un modèle scientifique exigeant
Ce qui a tout de suite plu au maire de Meudon c’est l’expertise scientifique de Dassault Système. La société a développé cet outil pour des systèmes industriels complexes, des avions bien sûr mais aussi des prothèses telles que des coeurs artificiels. Ensuite, elle l’a utilisé pour guider la planification urbaine en surveillant la pollution de l’air et les nuisances sonores à Singapour ! De nombreuses startups proposent des jumeaux numériques, mais rares sont celles qui peuvent produire un tel CV.
Une expérimentation modeste
L’idée avec le jumeau numérique est de modéliser un espace public d’une manière aussi précise que possible, de compiler de nombreux paramètres tels que l’ensoleillement, la végétalisation, la nature des revêtements, les températures observées… et de jouer sur certains d’entre eux pour obtenir des résultats optimaux, en l’occurrence un meilleur rafraîchissement.
Les travaux de renaturation de la place Tony de Graaf sont déjà programmés, des subventions ont été obtenues pour un aménagement qui ne peut pas être modifié. Le jumeau numérique servira à monitorer les changements. Place Simone Veil des travaux sont aussi programmés, mais des ajustements à la marge sont encore possible, l’outil de Dassault Système doit permettre de faire évoluer le projet.
Enfin, à Meudon-la-Forêt tout reste à faire et c’est là que le jumeau numérique devra vraiment faire ses preuves.
Ce nouvel outil sera présenté aux conseils de quartiers et peut-être même au-delà, directement à la population meudonnaise.
Des développements enthousiasmants
« L’objectif est d’améliorer la qualité de la décision publique » explique Denis Larghéro, le maire de Meudon. Il imagine d’ailleurs de nombreux développements pour améliorer la qualité de l’air, dans le cadre du Plan climat air énergie (PCAET) de GPSO ou pour améliorer les plans de sauvegarde en cas d’inondation.
« Je me rappelle, dit-il, de l’exercice que nous avons organisé à Meudon Val Fleury, dans le tunnel du RER C, juste après le Covid. Il avait nécessité deux ans et demi de préparation et mobilisé 300 personnes : pompiers, police municipale et nationale, agents de la préfecture, de la SNCF… Ce type d’exercice est extrêmement coûteux et très fragile. Il suffit que les responsables changent ou que des paramètres soient modifiés, tels que la mise en sens interdit d’une voie, pour que le bon déroulement des opérations soit compromis. En plus, dans la vraie vie, on ne peut jouer le scénario qu’une seule fois. Avec un jumeau numérique au contraire on peut retravailler, modifier l’ordre d’intervention des différents acteurs jusqu’à trouver la combinaisons optimale. »
Précision scientifique, ouverture démocratique et scénarios dignes des jeux vidéos, le cocktail est explosif, nous verrons dans les prochains mois s’il tient ses promesses.
Luc Blanchard