À l’approche de l’échéance du recours gracieux déposé par Val de Seine vert contre le permis de construire délivré au R4 sur l’île Seguin, sa directrice générale, Nelly Wenger, a souhaité nous rencontrer pour apporter des précisions sur son projet.
Le projet fut porté par l’Agence pour la Vallée de la Culture (subventionnée par le CG et les villes du 92) dès 2008, sous le nom de « portail des arts. » En réalité, le projet est plus ancien, puisqu’après le départ de Pinault, un projet de Centre européen de création contemporaine, financé par l’État à hauteur de 50 millions d’euros, a été présenté par D. de Villepin en 2006.
Yves Bouvier, PDG de Natural Le Coultre (NLC), a été sollicité comme expert parmi d’autres pour réfléchir au projet. Il s’est réellement engagé en 2009 et s’est tourné vers Jean Nouvel (déjà coordonnateur de l’aménagement de l’île). Nelly Wenger les a rejoints en 2011, et a fait suspendre les études architecturales le temps de perfectionner le concept.
Le R4 ne devrait pas s’inscrire dans la continuité des activités de NLC, spécialiste du stockage et du fret d’objets de valeur, implanté dans le port franc de Genève, à l’origine de celui de Singapour, et en voie d’en installer à Luxembourg et à Pékin.
Nature
L’investissement est assuré par NLC. Il ne s’agit pas de mécénat, les 700 m² mis à disposition doivent être financés, comme tout le fonctionnement, par des recettes et notamment des loyers. Nelly Wenger a évoqué les galeries, on peut aussi rappeler les quelque 2 000 m² de bureaux en blanc.
Elle a refusé catégoriquement d’indiquer le montant des droits à construire, indiquant simplement que Bouvier avait payé « le prix demandé par la SAEM. » Elle a également refusé de préciser son business plan et a,, d’une manière générale, rejeté toutes nos questions financières, ce qui nous a surpris
Détail
Le R4 doit développer ses activités sur 23 000 m² : création (700 m² d’ateliers d’artistes), manifestations (exposition dans une halle monumentale ainsi que dans certaines réserves, conférences), commercialisation (galeries, salles de vente, logistique). La société R4 devrait en être acteur, selon des modalités à définir.
Une extension sur une parcelle mitoyenne, acquise en juillet 2013, devrait accueillir une école d’art et un complexe hôtelier mixte, mi-résidence d’artistes, mi-hôtel de standing.
La synergie des différents acteurs doit susciter une émulation profitable à tous.
Le choix de l’île Seguin correspond à une pratique courante en Suisse, qui consiste à réaffecter provisoirement des friches industrielles en mutation en espace artistique. Nelly Wenger se dit soucieuse d’entretenir la mémoire de l’île, mais de manière plus conceptuelle que matérielle : il n’est a priori pas question de conserver la piste d’essai et les salles vacantes du socle, mais d’évoquer l’imaginaire de l’usine par la forme du bâtiment conçu par Nouvel, et notamment une rampe mobile conçue sur le modèle d’une chaîne de montage.
Proposition de Nelly Wenger
Se réclamant de la culture suisse, Madame Wenger s’est dite prête à aménager la gouvernance du projet pour laisser une place aux associations. Elle a évoqué la formation de groupes de travail sur des sujets variés : mode de sélection des artistes, programmation, aménagement du socle, réseau de transport fluvial…
Débat autour du recours
NLC savait, en 2009, qu’il s’engageait dans un investissement à risque, compte tenu de la situation locale. Le recours contre le permis de construire apparaît comme un motif d’inquiétude suffisant, aux dires de Nelly Wenger, pour le faire renoncer au projet. Ce nonobstant, comme l’a souligné un membre de notre association, l’achat d’un terrain supplémentaire en juillet dernier.
Elle a fait valoir qu’en termes de densité et de hauteur, le projet était plutôt inférieur aux dispositions du PLU de 2004.
Elle a représenté que notre opposition au projet desservirait la crédibilité de l’association, estimant qu’un retrait du recours aurait l’effet inverse. Elle ne voit pas d’autre solution à la résolution du problème, ne retenant pas notre proposition d’obtenir du maire une nouvelle mise en conformité, sur la base du PLU de 2004.
Pour notre association, le problème se pose différemment : personne n’a manifesté d’hostilité à l’égard du R4 en soi. Mais renoncer au recours revient à donner un blanc-seing au PDG de la SAEM pour tout l’aménagement ultérieur de l’île Seguin, sur la base d’un PLU légalement discutable. Compte tenu des aléas traversés ces 5 dernières années, c’est un risque à peser.
ASC