Écran de fumée devant l’usine de traitement des déchets Isséane

La CLIS Isséane permet un suivi et une surveillance de cette installation. Les mesures présentées, imprécises ou tronquées, ajoutent à l’inquiétude générée par les cheminées trop basses.

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Isséane dans sa tenue de camouflage

Discrétion

En décembre 2011 était présenté le bilan 2010 de l’usine de traitement des déchets Isséane, et du centre de tri associé. Le document remis aux membres de la CLIS présente l’ensemble comme un centre de tri, alors même que l’essentiel de l’activité consiste à incinérer. C’est sans doute le prolongement de la stratégie de camouflage qui a présidé à la conception de cette usine qui se remarque à peine dans le paysage.

Ce souci de discrétion a conduit à se passer des grandes cheminées qui marquaient de loin la présence de la TIRU, usine qui précéda Isséane dans sa fonction d’incinération. La hauteur des cheminées est essentielle à la dispersion des polluants résiduels. Certains s’en inquiètent, et plusieurs associations ont entamé un recours (voir notre article dans la Lettre de septembre 2011).

Isséane reste discrète jusque dans les chiffres de son impact mesuré dans sa zone géographique : sur une carte, les polluants mesurés ne font pas une grosse bosse autour d’Isséane. Ce constat qui pourrait être rassurant doit cependant être tempéré, car ces mesures ont démarré récemment et certaines anomalies font douter de leur fiabilité. Plus grave encore : si l’on distingue peu l’influence de l’usine sur son environnement, c’est que le niveau moyen de pollution est déjà très élevé. Isséane se dissimule ainsi dans le bruit statistique de la mesure.

Le mercure

La technologie récente d’Isséane lui permet de respecter les normes de réjection autorisées. Le contrôle du processus est délicat, et à plusieurs reprises les seuils ont été dépassés. Notre attention a été attirée par l’évolution du mercure dont le flux a été multiplié par quatre entre 2009 et 2010, alors même que les autres polluants étaient stables ou en diminution (notamment grâce une petite manipulation de la référence…). Pour un des deux fours, on a dépassé la norme sur plusieurs jours, jusqu’à un nouveau réglage. Il reste que même si une partie de l’accroissement de mercure peut être attribuée à un dysfonctionnement ponctuel, les mesures sur la zone sont très inquiétantes car elles montrent que l’on approche de près la limite légale partout. Cela suggère une montée globale de la pollution par le mercure, que l’on ne peut pas attribuer à la seule Isséane.

Désenfumage

Il est rare de voir un panache au dessus d’Isséane… ceci est obtenu grâce aux réchauffeurs fonctionnant au gaz de ville qui montent la température dans les cheminées. Il nous a été confirmé que cela n’avait aucune influence sur la qualité des rejets, et que l’on ne savait rien sur l’influence de ce procédé sur la dispersion. La seule fonction de ce gaspillage est de supprimer le panache de vapeur qui permettrait au quidam de visualiser les rejets. Cela au prix de quelques tonnes de CO2 supplémentaires…

Enfumage

Un décret autorise à diminuer les mesures publiées de l’incertitude de la mesure ! L’exploitant a alors intérêt à faire les mesures les plus imprécises possibles. Suite aux demandes réitérées d’Environnement 92, nous disposons enfin cette année de chiffres sur les marges d’erreur, mais les seuils légaux s’imposent à partir des chiffres bricolés. Le décret scélérat doit être abrogé.

En guise de conclusion

Les déchets les moins polluants sont ceux que l’on ne génère pas…

Jean Borsenberger

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Commission locale d’information et de surveillance (CLIS)

Les CLIS sont des commissions locales dont l’objet est de promouvoir l’information du public et des acteurs de territoire concernant les problèmes environnementaux que pourraient poser certaines installations classées au titre de la protection de l’environnement, dont l’activité est l’élimination ou le stockage des déchets. Une association ou un citoyen peut s’adresser directement au préfet afin de solliciter la création d’une CLIS.

La CLIS est composée de représentants des administrations publiques concernées, de l’exploitant de l’installation, des collectivités territoriales et de représentants des associations de protection de l’environnement ou de consommateurs concernées.

VDSV

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