Pollution de l’air en Île-de-France

La pollution de l’air extérieur par les particules, les oxydes d’azote, l’ozone principalement causent, entre 48 000 et 70 000 décès anticipés par an selon les dernières analyses épidémiologiques, soit plus que le tabac.

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Des efforts sont faits par les pouvoirs publics afin de réduire les pollutions : limitation des émissions des voitures et camions, règlement pour le chauffage par combustion, plan de prévention de l’atmosphère 2018… Hélas, le nombre de décès anticipés ne baisse pas et monte même selon les dernières études épidémiologiques. De nombreuses associations, dont Val de Seine Vert, emmenées par les Amis de la Terre et France Nature Environnement ont obtenu le 12 juillet 2017 une condamnation de l’État par le Conseil d’État. En août 2021 une astreinte de 10 millions d’euros a été prononcée, elle est renouvelable tous les six mois jusqu’à ce que des améliorations sensibles soient obtenues. Cet argent est réparti entre diverses agences gouvernementales (Ademe, CITEPA…) et les associations territoriales de surveillance de l’air, telle AIRPARIF dans notre région.

L’Organisation mondiale de la Santé, au vu des résultats médicaux alarmants, a durci très sérieusement ses seuils de préconisations dans son rapport de septembre 2021. Ceci doit conduire l’Europe à réviser ses normes et donc notre pays à les suivre, ce qui va peser lourdement sur l’État si les améliorations de la qualité de l’air ne suivent pas.

AIRPARIF, l’association francilienne en charge du suivi de la pollution de l’air dans notre région, a recalculé le nombre de personnes vivant au-dessus de ces nouveaux seuils. Les chiffres sont catastrophiques : 75 % des Franciliens pour les PM10 et quasiment 100 % d’entre eux pour les autres polluants vivent au-dessus des nouveaux seuils.

Si l’on considère qu’il a fallu quinze ans pour diminuer la concentration d’oxyde d’azote dans l’air de nos villes et l’amener à un taux proche de ce qu’imposait l’Europe, on peut être inquiet sur le temps qu’il faudra pour atteindre ces nouveaux seuils. Le coût économique de la pollution de l’air pour la France entière, évalué en 2015 par le Sénat à 90 milliards d’euros par an, a été récemment réévalué à 150 milliards par an. Les effets financiers sur l’ensemble de l’économie et sur la santé des Français devraient être de puissants motifs pour abaisser rapidement ces pollutions, mais le tripode du développement durable reposant sur : l’économie, le social et l’environnement, est déséquilibré au profit de l’économie. La santé, la vie des populations et celle de la nature qui nous entoure ne sont pris en compte qu’à très faible dose. On constate malheureusement la même chose avec les impacts sociaux et économiques du bruit (150 milliards/an) ou de la destruction de la nature par divers aménagements oublieux de l’environnement (5 % du PIB mondial/an, rapport Stern). A ne pas vouloir agir rapidement, notre pays va accroître son déficit environnemental qui, cumulé avec la lutte contre le réchauffement climatique, va devenir pour lui un effort insurmontable.

Michel Riottot

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