De grands plans régissent l’aménagement de nos communes, le Schéma directeur d’aménagement et de gestions des eaux du bassin Seine-Normandie (SDAGE) et le Schéma de cohérence territoriale (ScoT) de la Métropole
du Grand Paris en font partie. Tous deux entrent en révision, nous avons notre mot à dire.
Le SDAGE 2022-2027, c’est quoi ?
Le Schéma directeur d’aménagement et des gestions des eaux du bassin Seine-Normandie (8 régions, 28 départements, 18,8 millions d’habitants) a pour objectif d’améliorer la qualité de l’eau et d’en préserver l’accessibilité. Il est en cours de révision.
L’état de nos rivières (55 000 km) et eaux souterraines (6 grandes nappes) sont en constante amélioration : 40 % des rivières, 50-% des eaux littorales et 30 % des eaux souterraines sont en bon état (chimique et écologique) au sens de la directive européenne cadre sur l’eau de 2000 (DCE). Trois types de désordre affectent néanmoins les masses d’eau : hydrologique (baisse des débits, évaporation intense, réchauffement climatique) ; chimique (polluants agricoles : engrais chimique, pesticide, polluants urbains : lessivages des surfaces imperméabilisées, rejets des usines d’assainissement, polluants industriels : métaux, détergents, plastifiants, hydrocarbures aromatiques) ; écologique (disparition des 2/3 des zones humides, perte de biodiversité : faune, insectes, flore). Le risque principal pour les prochaines années sera le manque d’eau pour alimenter une population aussi nombreuse.
Les objectifs du SDAGE sont clairs, mais les moyens mobilisés sont insuffisants et surtout la mise en œuvre est trop lente par rapport au changement climatique.
Son financement de 900 millions €/an est assuré par les redevances de l’Agence de l’eau figurant sur notre facture d’eau (0,90 €/m3 environ). Les particuliers en assurent 77,2 % de la somme totale, l’industrie 12,3 % et l’agriculture 10,5 % alors que cette dernière est la plus grosse consommatrice d’eau à l’échelle de la France.
Les pollués sont les payeurs, est-ce juste ?
Enquête publique en cours du 15 février au 14 août 2021, www.eau-seine-normandie.fr
Michel Riottot
Le SCoT Métropolitain : chance pour l’écologie ou greenwashing ?
Le Schéma de cohérence territoriale (SCoT) qui fixe les règles d’aménagement et d’urbanisme de la Métropole du Grand Paris (MGP) pour les vingt prochaines années est actuellement en débat au sein de nos communes.
Ce document est important car nos plans locaux d’urbanisme intercommunaux (PLUi) devront être compatibles avec celui-ci. Au-delà du verbiage grandiloquent d’une partie du document décrivant le « rayonnement mondial » de la MGP ou encore son « attractivité » et son « dynamisme », il faut surtout bien mesurer l’importance du document d’orientation et d’objectifs (DOO). C’est là où se trouvent les fameuses 136 prescriptions concrètes.
Des prescriptions concrètes
Sur le sujet de la nécessaire transition écologique et l’adaptation aux changements climatiques, de nombreuses prescriptions portent sur l’économie circulaire, la reconversion des ouvrages plutôt que leur démolition, mais aussi sur les usages temporaires des sites en mutation. Le SCoT exige aussi que les bâtiments puissent produire de l’alimentation ou de l’énergie. De même, il est prescrit 30 % de pleine terre dans les zones urbaines denses pour favoriser la biodiversité et la rétention de l’eau.
La ville post-covid évolue et de nombreuses dispositions vont dans le sens de la mixité des usages, en intégrant des tiers-lieux pour travailler dans les zones résidentielles, mais aussi en favorisant l’implantation de logements dans les zones jusqu’alors exclusivement dédiées aux bureaux.
Plusieurs prescriptions vont dans le sens des nouvelles mobilités et visent à limiter la place de la voiture en ville y compris son stationnement.
Enfin, de nouvelles exigences fortes apparaissent sur la gestion de l’eau, telles que la déconnexion des eaux pluviales des réseaux d’assainissement, mais aussi le fait de rendre possible la renaturation du rû de Marivel et de ses affluents.
On comprend maintenant mieux pourquoi certains exécutifs locaux, peu enclins à s’engager réellement dans, transition écologique et sociale, souhaitent réduire la portée du SCoT, arguant qu’il serait techniquement irréaliste, économiquement impossible ou trop contraignant. C’est surtout qu’il vient mettre en péril des projets du monde d’avant, tels que des centres commerciaux, des parkings à ciel ouvert, l’abattage des arbres de la RD 910 ou encore l’artificialisation d’espaces naturels.
David Ernest