Nos forêts en danger ?

La pétition initiée, en mars dernier, par Environnent 92 alerte sur un projet d’aménagement de la forêt
de Meudon. Elle a recueilli 40 000 signatures ! Preuve, s’il en fallait, de l’inquiétude que suscite la gestion
de nos forêts domaniales. L’ONF s’en explique.

Parallèlement au lancement de la pétition « Sauvons la forêt de Meudon », qui détaille le projet de l’Office national des forêts (ONF), un rendez-vous était pris avec les responsables de l’Office. La question posée à Michel Béal et Claire Nowak était simple : « Pourquoi l’ONF veut-elle créer des chemins d’exploitation, en abattant les arbres sur des voies parallèles, de 4 m de large tous les 24 m sur toute la forêt ? »

Protéger les sols

Pour l’ONF, la première raison de ces « cloisonnements » réside dans la volonté de protéger les sols. Lorsque ces chemins d’exploitation n’existent pas les engins pénètrent à l’intérieur des parcelles et tassent 60% des sols. Les chemins permettent de limiter cet impact. « Il vaut mieux, explique Michel Béal, passer cent fois au même endroit qu’une fois partout. De plus en trois ou quatre ans ces chemins ne se voient plus. La forêt de Fausse repose, qui a été cloisonnée en 2019, n’est en rien défigurée. »

Protéger les chênes

L’autre raison importante qui plaide en faveur des chemins d’exploitation c’est, explique Claire Nowak, la volonté de maintenir une forêt de feuillus essentiellement composée de chênes. Si la forêt n’était pas gérée, les chênes qui se développent lentement et ont besoin de lumière seraient étouffés par les charmes ou les châtaigniers qui poussent à l’ombre. Aujourd’hui, dit-elle encore, la forêt de Meudon est trop dense, elle ne peut maintenir la diversité d’essences indispensable pour maintenir la biodiversité.

Une autre voie est possible

L’ONF a pour mission de gérer les trois fonctions de la forêt : sociale, économique, biodiversité. Il en existe pourtant deux autres rappelées Jean-Claude Denard, membre de Chaville environnement : la lutte contre le réchauffement climatique et la rétention d’eau. Lutter contre le réchauffement conduit à privilégier les puits de carbone et donc à rechercher une végétation très dense. Cette densité limite l’évaporation, elle est donc favorable à l’eau. La pratique qui consiste à limiter l’intervention humaine s’appelle la libre évolution. Il s’agit de forêts sans coupes de bois et sans prélèvements de toute nature. Les scientifiques partisans de cette non-gestion parlent de « haute naturalité ». A Meudon, comme dans les autres forêts de la zone dense, il faut sans doute viser un entre-deux. En attendant de trancher, un moratoire sur le cloisonnement des forêts est nécessaire.

Luc Blanchard

Séminaire régional sur les forêts franciliennes

Le 8 juin prochain France nature environnement Ile-de-France organise à l’Académie du Climat un séminaire sur le thème « Préserver la forêt en Ile-de-France, un enjeu vital. Regards croisés sur l’avenir des forêts franciliennes ». Le programme est disponible sur www.fne-idf.fr.

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