Les milliards de Grand Paris Express

Petit service pour GPSO, folle aubaine pour ses deux barons

Le maillage des transports publics tant attendu n’aura pas lieu, le Contrat de développement territorial (CDT) semble en décider autrement, sans concertation.

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Plan de l’arc Sud du réseau du Grand Paris Express

Le 26 janvier 2011, l’offensive gouvernementale du Grand Paris contre les orientations d’aménagement solidaire de la Région Ile-de-France1 laissait place à l’armistice. Un protocole entre le ministre chargé de la Ville Maurice Leroy et le président de Région Jean-Paul Huchon scellait le partage d’un effort commun de 30 milliards d’euros en faveur des transports entre un nouveau réseau de métro automatique, dit Grand Paris Express (GPE), et la remise à niveau du réseau actuel, à bout de souffle suite au désengagement financier de l’État depuis 10 ans. La messe du double débat public2, pour les réseaux Arc Express porté par le STIF, et celui de la Société du Grand Paris, était dite avant même sa clôture : les 1 700 avis, contributions, cahiers d’acteurs seront restés pratiquement sans effet. Quelques mois plus tard un décret validait GPE, réseau de 160 km de lignes rouge, verte, orange et bleue desservant 200 points d’arrêt et mises en service à partir de 2018 (voir le plan ci-dessus).

Moins de gares, peu de maillage

Grand Paris aura fait perdre au moins deux points d’arrêt à la communauté d’agglomération GPSO. Le tracé éloigné d’Arc Express lui en réservait en effet six, le tracé proche cinq, GPE ne lui en accorde que trois : gare de Clamart, Issy et pont de Sèvres. Il oublie de mailler la ligne 10 du métro et le tramway T2 ! État et Région ont laissé aux départements le soin d’arbitrer les tracés sur leur territoire. Dans les Hauts-de-Seine les protestations des associations n’ont en rien infléchi la vision affairiste de nos maires et du Conseil général : fi de la qualité de desserte, et même des temps de parcours, ce qu’il faut c’est rallier La Défense à grande vitesse !

Le 21 mars 2012 le coup de théâtre du précontrat de développement territorial de GPSO dévoile l’état des études des trois stations, soigneusement cachées à ce jour au public, aux structures consultatives et même aux conseillers communautaires.

Des gares au service de la promotion immobilière

On y voit que GPE n’apportera pas à GPSO le maillage d’une rocade avec les trois radiales rescapées (transilien Montparnasse, RER C, ligne 9 du métro) mais trois gares nouvelles, cœur d’opérations immobilières à Issy-les-Moulineaux et à Boulogne. Le « tube » des quais du métro de rocade ne sera pas placé sous les quais des radiales à mailler, mais sous lesdites opérations immobilières. Ainsi à Clamart, la distance à vol d’oiseau entre quais atteint 400 m, à Issy RER 300 m. Au pont de Sèvres, on ne la connaît pas encore mais « la gare doit s’intégrer dans l’opération majeure que constitue la ZAC Seguin-Rive de Seine… Toutefois, les études préliminaires devront permettre des améliorations avec le pôle transport de la ligne 9 ».

On ne pouvait aussi bien exprimer la vue première de nos édiles sur les milliards de GPE : valoriser la densification urbaine. Ceux qui croyaient à l’amélioration des déplacements de banlieue à banlieue en seront pour leurs nouveaux impôts. Pour mémoire, rappelons que le président de l’entreprise publique qui conçoit GPE est aussi maire d’Issy-les-Moulineaux et premier vice-président de GPSO.

Daniel Mouranche

1. Orientations qu’elle avait par exemple arrêtées dans le SDRIF en 2008 et dans le plan de mobilisation pour les transports en 2009.

2. Débats publics pour le réseau de transport public du Grand Paris porté par la Société du Grand Paris et Arc Express porté par le STIF..

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