Conçu dans les années 60, le centre-ville de Sèvres ne correspond plus aux besoins des Sévriens. Partant de ce constat la municipalité nous propose un projet d’embellissement et l’étaye en utilisant des éléments de langage contemporains : réduire la place de la voiture, renaturer, redonner sa place à l’eau.
Réduire la place de la voiture
Le centre-ville de Sèvres est coupé en deux par une « autoroute urbaine », c’est une voirie départementale qui doit être réaménagée, le projet ne la prend pas en compte. Les esquisses présentées par le département laissent penser que cet aménagement fera encore la part belle aux voitures individuelles. La voie de bus en site propre réclamée par les usager de la ligne 171 est réduite à sa portion congrue. De plus les aménagements cyclables servent de prétexte à d’importantes coupes d’arbres.
Nous préconisons de revoir l’aménagement de la départementale 910 en lien avec l’aménagement du centre-ville de Sèvres.
En ce qui concerne le projet Cœur de ville, nous constatons que les voitures sont encore très présentes : ajout d’une file à la hauteur du « Tabac de la mairie » et maintien de nombreux stationnements en surface, notamment Grande Rue, entre le carrefour Ville d’Avray et l’avenue de l’Europe.
Nous préconisons de ne pas élargir la voirie et de rendre la Grande Rue piétonne.
La renaturation
Durant l’été 2023 de nombreux trottoirs du centre-ville ont été dallés. Si l’esthétique s’en trouve améliorée ces aménagements ne rendent pas les trottoirs plus perméables aux eaux de pluie. Ces aménagements ne visent donc pas à désimperméabiliser la ville. Le projet Cœur de ville est de la même veine. Il vise à embellir mais pas à renaturer. La grande place prévue en lieu et place du marché Saint Romain reste très minérale, à l’instar de celle réalisée devant le collège de Sèvres.
Nous préconisons de partir des cartes de paysages établies par France Nature Environnement afin d’étudier la meilleure façon de relier les réservoirs de biodiversité entre eux. C’est ce maillage qui doit commander aux aménagements futurs et non une simple visée esthétique.
Par ailleurs le projet proposé fait la part belle aux démolitions / reconstructions, ce qui fait que son bilan carbone n’est pas bon.
La réhabilitation, beaucoup moins émettrice de CO2 devrait être privilégiée.
La place de l’eau en ville
C’est peut-être la partie la plus faible du projet. Dans les documents de communication de la ville, il est question de « mise en scène de l’eau » et cela se traduit par la création de fontaines. Le potentiel hydrographique de la commune n’est pas versé au dossier alors que l’on sait qu’il est important. Les sources et le ru de Marivel constituent une manne qui n’est exploitée qu’à la marge. La source Saint-Germain est utilisée de manière intermittente sur l’esplanade du collège et un bassin doit voir le jour au pied du mur de soutènement de la rue Léon-Journault. C’est très insuffisant. Le réchauffement climatique impose d’aller bien plus loin.
Nous préconisons d’utiliser les données collectées par l’association Espaces afin de valoriser systématiquement la ressource en eau. Il importe de déconnecter les eaux propres du tout-à-l’égout, de permettre leur circulation en surface et enfin de les rejeter à la Seine.
Le Schéma directeur de la région Ile-de-France, en cours de révision, préconise de faire apparaître les différentes trames (verte, bleue, brune…) dans les projets d’urbanisme. Cela doit être fait à Sèvres. Ces données conditionneront les aménagements à réaliser.
En guise de conclusion provisoire, nous préconisons d’approfondir le diagnostic et de repenser le projet en fonctions des trames.