Développement durable à Boulogne-Billancourt : le greenwashing en marche

Le dernier conseil municipal a pris acte du bilan développement durable de la ville pour 2021. Globalement négatif, il s’apparente davantage à un catalogue de mesures symboliques qu’à une ambition véritable.

Un trompe-l’œil. C’est en substance la politique cyclable de la deuxième ville d’Île-de-France, marquée par un nombre d’accidents de piétons et de cyclistes nettement supérieur aux villes voisines, récemment trois en un an. « On peut comprendre que la mairie ne soit pas convaincue par le vélo, mais négliger la sécurité des Boulonnais est choquant », estime à ce titre Frédéric Kroff, référent de l’association Mobi Boulbi.

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Dans le détail, la ville se vante de 3,9 km de bandes cyclables, de l’avis général inefficaces puisque systématiquement utilisées comme double-file pour le stationnement. Le rapport affiche aussi 3,5 km de pistes cyclables, ce qui est bien peu comparé aux 9 km de pistes à Issy-les-Moulineaux, commune pourtant plus petite. Pire, le plan est trompeur : « par exemple, la piste de la rue de Silly n’existe que dans un seul sens de circulation », constate Frédéric Kroff.

 Des progrès timides

Bien sûr, les « coronapistes » représentent un progrès. Se pose néanmoins la question de leur pérennisation, dans la mesure où leur état se dégrade rapidement. « Ils l’ont déjà refaite trois fois, mais à chaque fois elle est bousillée en quelques jours ! », constate un riverain de la Route de la Reine. Mobi Boulbi regrette également la suppression pure et simple de la « coronapiste » le long de la RD1, alors que cette dernière avait vocation à être revue et sécurisée.

« Les accidents se concentrent sur les mêmes endroits, notamment le boulevard Jean Jaurès et la Grand-Place », signale Frédéric Kroff. Des axes dont plusieurs associations demandent de longue date la piétonisation, ce qui serait pratiquement sans conséquence sur le trafic et sans que ce débat n’ait aucunement avancé depuis.

Des isolés de l’isolation

Oui, il y a du mieux : par la voix de son maire adjoint à l’environnement, la ville se vante d’avoir réduit de 17% la consommation énergétique de ses bâtiments. « C’est positif, ils ont fait la moitié du chemin », constate Olivier Sudan, directeur général d’AVOB, société spécialisée dans la performance énergétique. En effet, le décret tertiaire, pris en application de la loi ELAN, préconise 30% d’économies d’ici huit ans : en l’état, le compte n’y est pas.

Dans la même rubrique, la mairie se vante d’avoir accompagné la rénovation thermique de 466 appartements en 2021, ce qui est louable… sauf qu’aucune mention n’est faite des nombreux Boulonnais locataires d’un logement social, pour lesquels la ville serait pourtant susceptible d’influer ; ni même de ceux qui vivent dans un immeuble détenu par une société ou un investisseur. Dans les faits, ces aides
ne s’adressent qu’aux copropriétaires ou propriétaires individuels.

Un bilan très partiel

De la même manière, s’il convient de souligner les efforts ponctuels de Boulogne-Billancourt en matière de biogaz et de géothermie, force est de constater que le solaire et l’éolien sont les grands absents de ce rapport, alors même que la filière du photovoltaïque française se développe, et qu’il existe à présent des éoliennes à axe vertical, produites en France, tellement discrètes et silencieuses qu’elles trouveraient volontiers leur place sur les toits des immeubles aux côtés de nombreuses antennes-relais de téléphonie mobile, omniprésentes dans cette ville… et manifestement très rentables.

La municipalité boulonnaise réalise toutefois un sans-faute au niveau des parcs et jardins. Ces derniers ont, entre autres, réalisé d’importantes économies d’eau et totalement abandonné l’usage de produits phytosanitaires (Cf. Echo Val de Seine n°99, juin 2021). Sur cette thématique comme sur d’autres, la majorité municipale a systématiquement refusé de répondre à nos questions.

Serge Brière

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